Marjorie Oludhe Macgoye

Elle est l’une des écrivaines les plus prolifiques du Kenya, mais également d’Afrique. Anglaise de naissance, elle est arrivée à Nairobi en 1954 à 26 ans et est devenue Kenyane par choix. Elle a épousé un membre de l’ethnie Luo et s’est entièrement intégrée à la vie de cette communauté.

Disparue en 2015, M. Oludhe Macgoye a eu un profond impact sur la littérature du Kenya. Elle a publié une dizaine de romans, deux recueils de poésie, des livres pour enfants, des études historiques, des essais culturels, etc. Coming to birth est son 2ème roman.

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monde

Coming to birth
East African Educational Publishers Ltd.
Nairobi - 1986
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Traduit de l'anglais

EXTRAIT de TRADUCTION
Chapitre 1

« J’espère que ça te plaît, dit-il, j’ai tout préparé rien que pour toi. »
Evidemment, elle s’en doutait ; un placard, une bassine, une lampe, une théière, même une nappe. Elle était chanceuse. Elle aurait dû le remercier. Mais comment aurait-elle pu lui dire que c’était des bruits dont elle avait peur, ils pénétraient la pièce à travers les cloisons, flottaient à travers les chevrons nus sous la tôle rapiécée ? A cet instant, on entendait seulement le bourdonnement de voix de vieilles femmes, derrière, et des cliquetis de casseroles, mais le soir venu, elle savait qu’il y aurait des éclats de voix et des cris et des gloussements, et des rires cruels lâchés dans cette maison qui n’en était pas une, et les mots seraient des plus menaçants dans ces langues que l’on ne connaissait pas. Et comment aurait-elle pu se plaindre de cela alors que ne savait même pas comment elle l’avait compris ?

« Je vais vomir », dit-elle.
Alors il l’emmena dehors et lui montra, non pas un petit coin intime, puisqu’il n’y en avait pas, mais le bloc de latrines puant où vous deviez mémoriser quel côté était celui des hommes ou celui des femmes, et où vous deviez vous frayer un chemin au milieu des saletés. Il lui expliqua comment tirer l’eau, mais il semblait que personne d’autre ne se souciait d’en faire autant, et de toutes les façons, on était souvent à cours d’eau tôt dans la journée, dit-il, en raison de l’augmentation du nombre d’habitants. Elle vit les robinets, au-dessus des grands bacs à laver en ciment, quelqu’un les alimentait en eau, d’une manière ou d’une autre, et vous pouviez l’avoir sans payer ; mais s’ils n’en mettaient pas suffisamment, que faire ? Et où allait-elle cuisiner et trouver du bois et faire sa lessive ?

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"Traversées"