Projet artistique - Le Bouscat - Ibai Hernandonera - 2013
Darwin's skyline
Pinsons des Galapagos
Lorsque le HMS Beagle de la Royal Navy se lance sur les mers en 1831, il a pour mission de cartographier en deux ans la côte du continent sud-américain. Il réalisera pour finir une circumnavigation complète et ne regagnera les côtes anglaises que cinq années plus tard. A son bord, le jeune Charles Darwin se livre à une exploration scientifique approfondie des territoires abordés, arpentant la pampa argentine, la cordillère des Andes, la Patagonie, le désert d'Atacama, ou les Galapagos...
Il rapportera ainsi nombre d'observations naturalistes et de spécimens vivants ou fossiles témoignant de ses découvertes. Parmi ses souvenirs de voyage, se trouvent quatorze pinsons des îles Galapagos capturés sur différents îlots. De taille identique, de couleur brune ou noire, les oiseaux se différencient par la taille et la forme de leur bec, leur comportement, leur chant et leurs habitudes alimentaires.
Les études menées lors de son retour en Angleterre amèneront Charles Darwin à identifier quatorze espèces différentes, pourtant issues d'une souche commune, et à initier ses recherches sur l'origine et l'évolution des espèces... Les travaux de Charles Darwin restent aujourd'hui l'un des fondements de la biologie, et la notion d'évolution est parfois victime de sa propre pertinence, ayant donné naissance à une vaste imagerie d’Épinal, telle cette représentation de l'évolution des hominidés schématisée par un singe qui se redresse et devient peu à peu un bipède humain, si aisée à comprendre, et pourtant si erronée du point de vue paléontologique.
Retracer une histoire
Aux côtés des arbres majestueusement implantés devant la médiathèque du Bouscat, un ensemble de sculptures érigées en hauteur trace une ligne de toits imaginaires, oriente le passant vers la contemplation du ciel et offre des abris en trompe-l’œil aux oiseaux de passage. Inspiré des modèles d'architecture présents dans la ville, cet ensemble de pylônes hybrides prend l'empreinte du patrimoine bâti et en propose une vision en forme de « ligne d'évolution ».
De gauche à droite, les pylônes de Darwin Skyline portent ainsi la reproduction d'une échoppe inspirée de celles bordant le quartier, la reproduction du castel d'Andorte et celle de la médiathèque attenante, tandis que le dernier pylône porte un bloc encore vierge dans lequel tailler la maison ou le bâtiment de demain. Dans cette ligne d'évolution, passé, présent et avenir se côtoient et tendent un miroir à l'environnement immédiat, générant une mise en abîme dans un même lieu et un même temps.
Tentative de classement sur un mode naturaliste, l’œuvre fait écho à la fonction d'une médiathèque, haut-lieu par définition de l’ordonnancement et du référencement des savoirs. N'empiétant pas sur la surface au sol, ces quatre petites sculptures aériennes font face à la Mairie et se veulent à la fois schéma, croquis simple mais aussi étendard, drapeau de la ville flottant au vent, sorte d'héraldique en 3D entièrement dédiée à l'art de bâtir propre au Bouscat. Clin d’œil à Darwin, œuvre posée à hauteur de pinsons, cet ensemble résolument urbain a pourtant quelque chose de l'arbre voisin, de la forêt miniature avec sa couleur verte et ses hauts fûts, et il s'inscrit en cela dans les motifs sylvestres qui irriguent régulièrement le travail d'Ibai Hernandorena.
